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Hautier Eugénie ( 1822-1909 )

Eugénie Anne Hautier est née à Rennes le 13 octobre 1822, fille d'un officier d'artillerie, Alexandre-François-Eugène Hautier. En février 1834, à l'âge de 11½ ans, elle est admise à l'école de la Légion d'honneur à Saint-Denis, près de Paris. Cette institution acceptait les filles des officiers supérieurs membres de l'ordre de la Légion d'honneur. C'est dans cette institution, où elle restera jusqu'à l'âge de 17 ans, que commence sa formation artistique. Le cursus comprend en effet, dans les années 1830, des "arts d'agrément" (musique, dessin, danse). A Saint-Denis, le dessin est une discipline importante. Lorsqu'Eugénie Hautier y devient élève, l'enseignement se fait sous la direction de Jean-Baptiste Paulin Guérin, peintre d'histoire réputé.
Cet enseignement avait un double objectif. D'une part, il propose une initiation aux arts typique de l'éducation d'une jeune bourgeoise. D'autre part, il représente la première étape d'une formation artistique avec une ouverture sur la pratique des beaux-arts, qui peut offrir des perspectives professionnelles dans le domaine. La formation artistique de Hautiers ne s'arrête pas lorsqu'elle quitte la Légion d'honneur. En effet, la spécialisation dans les dernières années d'études à Saint-Denis "a permis à un certain nombre de pensionnaires de devenir des peintres professionnels dès la fin de leur scolarité".
Eugénie Hautier va fréquenter les ateliers d'enseignement de plusieurs peintres parisiens réputés avant de choisir pour elle-même la carrière d'artiste. Elle devient l'élève d'Henry Scheffer, l'un des "professeurs les plus recherchés des femmes" ainsi que de Joseph-Nicolas Robert-Fleury et Eugène Isabey, deux peintres d'histoire. En 1848, elle commence à exposer ses œuvres au Salon des artistes vivants à Paris.
Hautier expose non seulement au Salon de Paris mais aussi en province, tout en diversifiant sa production : outre les portraits, elle présente des tableaux de fleurs ou de fruits, des natures mortes, des scènes d'intérieur ou d'histoire. Comme un certain nombre d'autres artistes de l'époque, elle est également copiste dans le cadre de commandes ou d'acquisitions d'œuvres d'art de la part de l'État.
/ par l'État (principalement de maîtres espagnols tels que Vélasquez, une influence qui se ressent dans ses tableaux). Tout en restant une artiste de second plan, elle acquiert une certaine notoriété par sa production picturale et obtient divers prix et médailles à la suite de plusieurs expositions.

Hautier ouvre une école de dessin pour jeunes filles et femmes adultes à Paris en 1860 avec l'aide financière de la municipalité. Elle initie ainsi une vague de création d'institutions similaires dans la capitale française au cours des années 1860 et l'implication croissante des femmes artistes dans le domaine de l'enseignement. Eugénie Hautier est l'une des rares femmes à s'exprimer dans le cadre de la grande enquête sur l'enseignement professionnel menée par le ministère français du Commerce dans les années 1863-1864 : elle y présente non seulement son école de dessin, au demeurant réputée, mais aussi le projet d'une école professionnelle centrée sur les arts industriels. Axée sur l'enseignement graphique et le travail productif, cette école est créée dans la seconde moitié des années 1860. L'école de dessin d'Hautier acquiert rapidement une bonne réputation. Elle gagne en notoriété lors des expositions scolaires organisées par l'Union centrale des beaux-arts appliqués à l'industrie. En 1870, Eugénie Hautier est nommée inspectrice de l'enseignement du dessin dans les écoles parisiennes, dans le cadre de la création d'un service spécifique d'inspection des écoles primaires de filles. Elle rejoint un (petit) corps d'inspecteurs municipaux jusqu'alors exclusivement masculin, dont elle restera la seule femme jusqu'en 1881. A ce poste, elle joue un rôle déterminant dans l'organisation et le développement de l'enseignement du dessin pour les filles dans les écoles primaires parisiennes au cours des années 1870.

Plusieurs Musées exposent ses œuvres : Amiens Dieppe, Laval, Rouen, etc.